L’AFAAD co-signe ce 09 mai une Tribune initiée par Convergence Animaux Politique (CAP). Convergence Animaux Politique est une association représentant plus de 1000 organisations de protection animale auprès des parlementaires et de l’exécutif, dont l’AFAAD, qui est en est membre depuis sa création.
L’objectif de cet appel est que le plan de relance que le gouvernement devrait présenter à la rentrée intègre pleinement la protection des animaux et de l’environnement. Nous proposons des solutions pour une reprise économique éthique et écologique. Nous souhaitons que les aides apportées aux différents secteurs économiques soient conditionnées au respect du bien-être animal, à la préservation de la biodiversité et à la limitation des impacts environnementaux.
Texte positif, proposant des alternatives viables aux systèmes industriels et aux mutilations imposées aux animaux depuis trop d’années, nous espérons qu’il sera la base d’une nouvelle politique. L’AFAAD mettra toute son énergie aux côtés de CAP pour porter ces propositions auprès d’un grand nombre de parlementaires.
La Tribune rassemble les signatures :
De 56 organisations de protection des animaux et de la nature, dont les partenaires de CAP, l’AFAAD, France Nature Environnement, la SPA, 30 millions d’amis, La Fondation Brigitte Bardot, One Voice…
De 39 députés, sénateurs et députés européens, issus de 10 partis et groupes, dont Jean-Luc Mélenchon, Hugues Renson (Vice-président de l’Assemblée), Aurore Bergé, Loïc Dombreval, Cédric Villani, Matthieu Orphelin, Erci Diard, les Sénateurs et anciens ministres Laurence Rossignol et André Vallini…
De 22 Personnalités publiques comme Allain Bougrain Dubourg, Louis Schweitzer, Mylène Demongeot, Arno Klarsfield, Philippe Radault, Robert Hossein…
De 31 Scientifiques et chercheurs comme Frédéric Lenoir, Françoise Armengaud, Jean-Pierre Marguénaud, Pierre Jouventin, Pablo Servigne…
« Pour une relance économique intégrant la protection des animaux et de l’environnement »
« Lors de son adresse aux Français du 13 avril dernier, Emmanuel Macron décrivait un moment de refondation, imposant plus d’ambition et d’audace pour faire face aux crises à venir, en retrouvant « le temps long, la possibilité de planifier, la sobriété carbone ». Nous, organisations de protection de la nature et des animaux, parlementaires, scientifiques et personnalités publiques, souhaitons nous inscrire dans cette démarche de refondation, en apportant des solutions pour une reprise économique allant dans le sens des progrès éthiques, écologiques et sanitaires. Nous faisons le choix de voir cette situation non pas comme une fatalité, mais comme l’occasion pour notre société de devenir meilleure et plus juste.
Concrètement, nous demandons que le plan de relance économique qui sera bientôt élaboré intègre pleinement la demande sociétale en faveur d’une plus grande prise en compte des animaux et de l’environnement, en conditionnant les aides, dans tous les domaines économiques concernés, au respect du bien-être des animaux, à la préservation de la biodiversité et à la limitation des effets négatifs sur l’environnement.
Repenser notre modèle agricole et alimentaire
Le Président de la République le disait, un des défis que nous devrons relever concerne l’indépendance agricole. En matière de bien-être animal et de durabilité, la compétition entre pays producteurs, notamment non européens, bloque depuis des années toute réelle avancée. Il est temps de repenser l’organisation de ce secteur en favorisant les produits européens et a fortiori français, notamment via la restauration publique et la mise en place d’une taxe sur les produits non européens moins vertueux, en échange d’un rehaussement significatif des normes d’élevage – interdiction des cages et des mutilations (caudectomie, castration à vif, limage des dents, écornage, etc.) – et d’un plan visant, à terme, la fin de tout élevage sans accès à l’extérieur.
La France doit défendre une réforme de la politique agricole commune en ce sens. Ce rapprochement géographique des producteurs et des consommateurs doit également passer par la réduction des temps de transport des animaux vivants et la fin de ces transports en dehors des frontières de l’Union, souvent vers des pays qui ne respectent pas les normes d’abattage européennes. Afin de valoriser les efforts auxquels consentiraient les éleveurs français et de répondre à la forte demande des citoyens consommateurs pour plus de transparence, un étiquetage obligatoire du mode d’élevage et d’abattage doit être mis en œuvre pour les produits laitiers et carnés, comme cela existe déjà pour les œufs.
Ces mesures permettraient aux éleveurs de mieux vivre de leur travail et de recréer de l’emploi dans des élevages extensifs. Un coût plus élevé pour des produits de meilleure qualité engendrerait une consommation moindre qui serait bénéfique en termes de santé publique. La disparition de l’élevage intensif permettrait de réduire les risques épidémiques et liés à l’antibiorésistance. Rappelons ici qu’en France, l’écrasante majorité des animaux sont élevés en système intensif, à l’exception des filières bovines. Par ailleurs, une réduction de la consommation de produits animaux aurait un effet positif majeur sur l’environnement. L’élevage induit aujourd’hui au moins 14,5% des émissions de gaz à effet de serre mondiales et il est la première cause de déforestation dans le monde.
Soutenir l’économie tout en répondant aux attentes sociétales
Faisons de cette crise une occasion de faire mieux, collectivement, pour la protection de l’environnement et des animaux. Dans chaque domaine de l’économie ayant des effets sur ces derniers, le plan de relance peut permettre des avancées. Dans la recherche par exemple, dont la crise sanitaire actuelle nous rappelle l’importance ; la France est en retard sur le développement des technologies innovantes telles que les organoïdes ou les organes sur puce . Pour donner un avantage à la recherche française et afin d’épargner des millions 2 d’animaux, une part importante des fonds alloués à ce secteur doit être expressément fléchée pour la recherche et le développement de méthodes substitutives à l’expérimentation animale.
Dans un autre domaine, les cirques sont particulièrement touchés par la crise actuelle et le resteront probablement pour de nombreux mois. Consultées depuis un an par le ministère de la Transition écologique et solidaire, les ONG ont unanimement demandé, comme 72% des citoyens , la fin de la captivité des animaux sauvages dans ces structures. Ce principe 3 doit être la condition des aides octroyées. Les ONG et structures d’accueil feront tout leur possible pour répondre aux situations d’urgence et assurer la prise en charge des animaux, mais elles doivent avoir la garantie qu’ils leur soient cédés définitivement et qu’ils ne soient pas remplacés ensuite.
Enfin, citons les nombreuses organisations et refuges qui recueillent des animaux domestiques ou sauvages. Ils représentent des milliers d’emplois et évitent à la collectivité des problèmes environnementaux et sanitaires liés notamment à l’errance. Frappés de plein fouet par la crise actuelle, ils doivent bénéficier d’un soutien financier dans le cadre du plan de relance et être soulagés par un certain nombre de mesures, peu coûteuses et ayant déjà fait leurs preuves chez nos voisins européens : mise en place d’un permis de détention, stérilisation obligatoire des chats des particuliers, etc.
Ces quelques exemples n’ont pas vocation à être exhaustifs et nous nous tenons prêts à faire des propositions, dans un esprit de construction et de relance de l’économie, afin que le « monde d’après » soit meilleur que le « monde d’avant », tant pour les citoyens que pour les animaux.